Valerie Brusseau (Renault) : "Les jeunes filles ont un vrai rôle à jouer dans les carrières scientifiques et techniques"

Publié le 19 septembre 2018

A l'occasion d'Elles Bougent Connected to Mobility, le 4 octobre, au Mondial de l'Auto, découvrez le portrait de Valérie Brusseau, cheffe de service ingénierie au sein du Groupe Renault.

Marraine Elles Bougent engagée depuis de longues années, Valérie témoigne de son expérience auprès des jeunes filles pour déconstruire les stéréotypes, notamment sur les femmes et l'automobile. Un secteur et des métiers considérés à tort comme réservés aux hommes.

Valerie Brusseau (Renault) : « Les jeunes filles ont un vrai rôle à jouer dans les carrières scientifiques et techniques »Bonjour Valérie. Pourriez-vous nous retracer votre parcours, la formation que vous avez suivie et vos différentes expériences dans l'ingénierie automobile ?

V.B. : J'ai suivi une formation d'ingénieure en mécanique et un Mastère à l'ENSAM (Arts et Métiers) spécialisé en essais aéronautique et spatial. J'ai exercé tout d'abord en tant qu'ingénieur d'études et d'essais dans le secteur aéronautique (Ariane 5, missiles M5, ailes d'avion Airbus). Je suis ensuite devenue responsable du bureau d'études Europe pour l'équipementier automobile Arvin Méritor, dans le domaine des silencieux d'échappement et catalyseurs.

Puis, j'ai occupé plusieurs postes de conception et industrialisation de produits automobiles chez Renault avec l'encadrement d'équipes d'ingénierie à l'international. J'ai été Responsable Conception Architecture et démarrage industriel du Projet KADJAR by Renault. Depuis 2015, je suis Cheffe du service ingénierie en charge de l'architecture automobile, des stratégies plateformes et de la conception des caisses et équipements de carrosserie de la gamme véhicules utilitaires Renault&Nissan.

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"Ma formation d'ingénieure en mécanique, c'est à la fois un défi familial et sociétal contre les stéréotypes"

Pourquoi avoir choisi d'exercer dans ce secteur d'activité ?

V.B. : J'ai attrapé le virus automobile en devenant responsable du bureau d'études échappement et catalyseurs de l'équipementier américain Arvin&Meritor. Venant du secteur aéronautique et spatial, j'ai compris à quel point les lois de la grande série automobile et la diversité des profils de client à satisfaire constituaient chaque jour un profond défi technique, un challenge et une vraie opportunité à exercer l'art de l'ingénieur. Et ce virus continue à me faire vibrer chaque matin.

Y a-t-il eu un élément déclencheur au cours de votre formation ?

V.B. : Ma formation, c'est à la fois un défi familial et sociétal contre les stéréotypes que nous renvoie encore trop souvent la société. Je suis issue d'un milieu agricole modeste, rien ne me prédestinait au métier d'ingénieure, aux antipodes de mes représentations familiales. Rien, si ce n'est mon goût pour les sciences, ma soif de comprendre comment cela fonctionne, mon envie de créer, de tester, de résoudre, de réparer qui, soit dit en passant, ne sont pas du tout des goûts genrés.

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Pour dépasser les clichés : "Le goût du challenge et l'envie d'apprendre"

Avez-vous été confrontée à des clichés sur le type de formation que vous avez suivie. Si oui, comment avez-vous réussi à les surmonter ?

V.B. : Rien ne me prédestinait à la filière d'ingénieure, si ce n'est l'opportunité de bénéficier en tant que bonne élève en 1ère S de la toute première bourse de la vocation scientifique et technique des femmes, donnée par Mme la ministre Yvette Roudy (ancienne ministre des droits des femmes), pour faciliter l'accès aux carrières scientifiques des jeunes filles. Cela a été un véritable ascenseur social pour moi, qui m'a permis de financer mes études et de m'ouvrir le champ des possibles.

Avez-vous un exemple de stéréotype(s) au(x)quel(s) vous avez été confrontée au cours de votre formation ?

V.B. : Quand j'étais au lycée, mon professeur de Français m'a dit que j'allais m'ennuyer, que j'allais rien comprendre car les mathématiques, ce n'est pas pour les filles ! Le conseiller d'orientation m'a recommandé une formation d'assistante sociale ! Avec le recul, j'en ai aussi fait dans ma carrière de manager ! Je sentais bien que je me lançais sur une voie un peu hors norme, mais le goût du challenge et l'envie d'apprendre, ou tout simplement l'impertinence de la jeunesse, m'ont permis de dépasser les peurs implicites que la société nous renvoie.

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"Il faut oser, avoir conscience de sa valeur en tant que femme"

Pourriez-vous nous nous décrire quelle est votre journée type, votre quotidien en tant que cheffe de service ingénierie chez Renault - Nissan – Mitsubishi ?

V.B. : Je commence ma journée par faire le tour des équipes. C'est très important pour percevoir l'ambiance et capter l'informel, résoudre les petits problèmes du quotidien. Mes journées sont ponctuées de réunions de plusieurs natures (réunion de décision technique autour des stations de travail de conception par ordinateur, points avec mes managers pour les soutenir, définition de nos axes de travail, nos stratégies, réunions avec mes pairs ou comités de direction). J'attache une importance particulière à promouvoir mes équipes, les développer en tant qu'individu et promouvoir nos réalisations collectives.

Auriez-vous un message à faire passer aux jeunes filles, qui hésitent encore à s'engager dans les filières scientifiques et techniques ?

V.B. : "Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, mais parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles (Sénèque)". Il faut oser avoir conscience de sa valeur en tant que femme. Ces enjeux universels de valeur des femmes, partagés et portés par les femmes, font grandir la société quand ils s'expriment sous forme d'intelligence collective. Et c'est bien le rôle d'Elles Bougent autour de l'engagement sans faille de mes collègues marraines, que je salue, à expliquer aux jeunes filles qu'elles ont un vrai rôle à jouer dans les carrières scientifiques et techniques.

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