3 élèves-ingénieures de l'IMT Lille-Douai réalisent le reportage « ingénieurE »

Publié le 15 juin 2021

“Les femmes représentaient 26 % des promotions des écoles d'ingénieur.e.s en 2016-2017 (21 % dans les écoles les plus prestigieuses)"
Le Monde, « Les filles, toujours minoritaires dans les écoles d'ingénieurs » 19 janvier 2021

“Plus les filles sont minoritaires au sein des écoles d'ingénieur.e.s, plus elles sont les cibles d'agressions sexuelles.”
Isabelle Henkens, « Sexisme et Violences sexuelles en Ecole d'ingénieur : un constat alarmant » 14 mai 2018

Une étudiante sur dix a déjà subi une agression sexuelle. Une sur vingt a déjà été victime d'un viol. “
Rapport de l'Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes dans l'enseignement supérieur, octobre 2020

Pour répondre à ce constat, et dans la dynamique nationale, voire mondiale, de libération de la parole des femmes et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, les étudiant.e.s et Écoles d'ingénieurs se mobilisent de plus en plus en faveur des droits et du bien être des élèves ingénieures.

Au sein de ces grandes écoles, et durant les 5 dernières années, on a alors pu observer la création de comités et d'associations œuvrant pour l'égalité femmes-hommes.

Louise Baehr, Juliette Caringi, et Cassandre Crescence, élève-ingénieures en première année de Master à IMT Lille Douai, mais surtout se revendiquant féministes, et engagées dans la lutte contre les discriminations au sein de leur école. Elles ont réalisé ce reportage, « ingénieurE »  :

Qui êtes-vous ?

Nous sommes trois amies aux origines et ambitions différentes, mais nous nous sommes entendues dès notre arrivée à IMT Lille Douai, en sortie de classes préparatoires.

Cassandre a quitté son île paradisiaque de naissance, La Réunion, pour venir étudier les sciences du numérique à IMT Lille Douai, puisque cette école présente un domaine Numérique et Sciences de l'Informatique vaste et riche. Elle entrevoit une carrière de Data Scientist idéalement dans la Défense et poursuivra sa dernière année d'étude à l'UWS en Ecosse. Elle est également une monteuse talentueuse qui lui vaudra le titre de présidente du Club Vidéo de l'Ecole pour l'année scolaire 2020-2021.

Juliette a laissé sa Moselle natale pour le Nord de la France afin de suivre un double cursus à IMT Lille Douai : Data Science et Culture Lean. Elle s'est tournée vers cette école pour toutes les possibilités d'hybridation de parcours qu'elle proposait mais également pour sa localisation et son ouverture à l'international ; elle accompagnera d'ailleurs Cassandre à l'UWS. Cultivée, créative, et littéraire dans l'âme, ses qualités l'ont amenée à créer l'Art'elier (Club d'arts créatifs de l'Ecole) et à prendre la place de présidente du TEDx IMT Lille Douai.

Quant à moi, Louise, j'ai laissé ma prépa strasbourgeoise pour le charme du Douaisis afin de suivre un parcours en Ingénierie Mécanique et Fabrication Numérique. Mais la Physique telle que je l'ai connue en prépa me manque, c'est pourquoi je m'en vais la retrouver en Irlande en suivant un double diplôme en Physique Appliquée à l'Université de Limerick. Engagée, à l'aise avec les responsabilités et aimant partager, je me suis bien épanouie en tant que Vice-Présidente du Bureau des Elèves d'IMT Lille Douai.

Comment a commencé votre engagement ?

Comme le soulignent les chiffres évoqués plus haut, notre cursus est plutôt masculin, et à l'instar de toutes les femmes de ce monde, nous avons déjà été confrontées au sexisme et aux violences sexuelles. Notre premier engagement associatif en faveur du féminisme, autre que nos petites actions quotidiennes, a été la reprise du projet #JeSuisIngénieurE, qui a pour but de donner de la visibilité au métier d'ingénieure auprès des jeunes filles.

C'est aussi dans le cadre de ce projet que nous avons pour la première fois travaillé avec l'association Elles Bougent ! En effet, afin de présenter le métier d'ingénieure, nous allions régulièrement intervenir dans les collèges et lycées du Nord. Nous avons ainsi participé à la journée des Sciences de l'Ingénieur au féminin, organisée au Lycée Averroès à Lille, où nous avons pu partager nos expériences avec des lycéennes, mais aussi échanger avec des femmes ingénieures aux carrières des plus brillantes  !

Nous nous engagions donc. Contre les stéréotypes, pour la féminisation des écoles d'ingénieurs, pour la fin de la ségrégation genrée des métiers ; pour l'égalité femmes-hommes finalement. Mais cet engagement ne nous a évidemment pas empêchées d'être témoins ou cibles de faits sexistes ou de violences sexuelles.

Pourquoi avoir créé le comité Egal'imt ?

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Une « tier list » sexiste publiée en ligne par des garçons de l'Ecole ; un appel à témoignages relatant du harcèlement en soirée, du cyber-harcèlement, des injures à caractères sexuelles, des baisers forcés ; la publication d'une cinquantaine de témoignages par la Clitoliste des Mines d'Alès rapportant des viols et des agressions sexuelles dans leur Ecole ; des attouchements durant la période d'intégration…et tant de choses que nous ne savons peut-être pas. Il fallait agir. Il était grand temps. EGAL'IMT est né.

Nous voyions ce type de comité agir ou naître dans les autres écoles d'ingénieurs de France, mais nous alors ? Pourquoi n'existait t'il pas un tel comité à l'École ? Comment les filles se sentent-elles chez nous ? Notre Comité a d'ailleurs très vite étendu ses actions à la lutte contre toutes les formes de discriminations.

Quels projets avez-vous pu mener ?

Malheureusement, la crise sanitaire et la jeunesse du Comité ont eu, en partie, raison de nos projets. Nous avons réalisé des posts de sensibilisation, partagé des témoignages anonymes, accompagné des victimes de VSS, et collaboré avec l'administration d'IMT Lille Douai afin de mettre une réelle procédure en place. Mais nous avions besoin de finir le mandat avec un véritable projet concret qui toucherait un grand nombre de personnes. C'est ainsi qu'est née l'idée d'un reportage sur le sexisme et les violences sexuelles de la classe de terminale au poste d'ingénieure à responsabilité.

A l'Ecole, nous avons la chance de pouvoir consacrer toute une « unité de valeur (UV) » à un projet, scientifique ou, dans notre cas, associatif. Nous avions donc cinq semaines pour travailler dessus. Ces cinq semaines ne furent pas de trop pour que je contacte toutes les témoins, sociologues, professeures, ingénieures et spécialistes, et que j'organise la logistique des rencontres ; elles ne furent pas de trop non plus pour que Juliette rédige le script et la voix-off afin de rendre notre reportage cohérent et sensé ; enfin, elles ne furent vraiment pas de trop pour que Cassandre sélectionne les extraits, les assemble, arrange le son, la couleur et l'esthétisme de notre rendu final.

Nous avons accepté ce défi, et nous l'avons relevé : le reportage a été publié le jeudi 29 avril 2021, en l'honneur du jour où les femmes ont voté pour la première fois en 1945.

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A vous la parole

Aimez le, commentez le, partagez le ! Nous espérons qu'il saura vous intéresser, vous questionner, vous montrer que l'on est nombreuses à subir mais aussi à agir ! Et qu'il vous donnera finalement, envie de vous engager.

Nous tenons à remercier encore une fois toutes les personnes talentueuses et enrichissantes que nous avons rencontrées ; les spécialistes, les étudiantes, les lycéennes.

Nous remercions également les membres de l'administration d'IMT Lille Douai qui ne nous ont pas ignorées lorsque nous nous sommes présentées à eux pour faire bouger les choses, et qui au contraire, nous ont soutenues et aidées.

Je déplore le fait qu'il ait fallu attendre cette vague de témoignages pour que les choses évoluent dans les écoles d'ingénieurs, mais des actions sont mises en place au sein même des directions et des administrations, ce qui espérons-le, annonce un futur meilleur pour les jeunes élèves ingénieures.

Enfin, merci beaucoup à l'association Elles Bougent pour l'intérêt porté à notre projet. Merci pour toutes leurs actions en faveur de la mixité des formations scientifiques et techniques ; merci de donner de la parole aux étudiantes et femmes ingénieures ; merci d'essayer de mettre fin à cette vision genrée des métiers ; merci finalement, d'œuvrer pour l'égalité femmes-hommes.

Et Elles bougent ?

Elles bougent œuvre pour lutter contre les discriminations de genre dans le milieu professionnel et en particulier dans les métiers d'ingénieur.e.s et technicien.ne.s depuis 15 ans, nous impactons 40 000 jeunes filles par an. Les élèves de notre partenaire du Groupe d'écoles IMT en font partie. Nous avons décidé de les soutenir et de partager leur formidable travail.

Bravo pour cette initiative qui recevra sans nulle doute l'accueil qui lui est dû !

En savoir plus sur le partenaire

IMT (Institut Mines Telecom)

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