Publié le 16 octobre 2019
Ces qualités et compétences comportementales sont de plus en plus recherchées par les entreprises, qui doivent se démarquer dans un contexte où les nouvelles technologies se développent à toute vitesse. Découvrez quelles sont les "soft skills" indispensables pour réussir dans les carrières scientifiques et techniques.
Selon l'étude "The Future of Jobs Report" du dernier Forum Économique Mondial, la capacité à apprendre et la créativité font partie des "soft skills" les plus demandées par les recruteurs à l'horizon 2022.
Alors que les jobs les plus en vogue d'ici quelques années seront liés aux nouvelles technologies et au développement du digital (machine learning, IA, big data…), l'intelligence émotionnelle et les capacités de leadership sont des qualités humaines, qui seront toujours recherchées par les entreprises. De même, la pensée informatique et la programmation resteront des incontournables.
Il n'y a pas vraiment de traduction exacte pour définir les "soft skills", l'expression "compétences douces" - souvent utilisée - étant en réalité peu précise. Il s'agit en réalité de "qualités" et de "compétences comportementales", à la fois innées, c'est-à-dire que nous possédons déjà en nous, mais aussi que nous pouvons acquérir tout au long de notre parcours, à travers l'expérience et la formation.
Il est ainsi possible d'avoir des "soft skills" dans des domaines très différents, comme la connaissance de soi (la compréhension des modes de personnalité, l'intelligence émotionnelle, la capacité à gérer son stress, …), la relation avec l'autre (l'empathie, l'écoute, le leadership, la coopération, la communication …), l'action (l'efficacité, la gestion du temps, la prise de décision, …) et la dimension cognitive (la créativité, l'ouverture d'esprit, l'esprit critique, …), explique Laure Bertrand, enseignante-chercheure et Directrice du Département des Soft Skills et des Services Pédagogiques Transversaux au Pôle Léonard de Vinci, dont fait partie l'école d'ingénieurs l'ESILV, partenaire de l'association Elles Bougent.
"Apparue en Californie, théorisée notamment par l'école de Palo Alto, la notion de "soft skills" est relativement ancienne. À partir des années 1990, leur enseignement s'est d'abord adressé aux dirigeants qui ont compris que la réussite d'une entreprise ne reposait pas uniquement sur l'expertise technique, mais aussi sur un savoir-être, et qu'en progressant dans leur propre développement personnel, en sachant mieux gérer leur temps et leur rapport à leurs équipes, par exemple, ils contribuaient à la performance de leur entreprise", poursuit Laure Bertrand.
"La nouveauté, c'est que l'enseignement des soft skills sort du strict champ de la formation continue en entreprise pour prendre place dans l'enseignement supérieur." Pionnier en la matière, le Pôle Léonard de Vinci propose ainsi depuis 5 ans un programme, obligatoire et commun à ses trois écoles (ESILV, EMLV et IIM), pour former les étudiant.e.s à ces nouvelles compétences.
>> Les conseils de Laure Bertrand pour "sortir du cadre" comme Léonard de Vinci
Etudiées auparavant en formation continue à destination des cadres et des dirigeants d'entreprises, les "soft skills" sont aujourd'hui particulièrement recherchées par les entreprises lors des recrutements.
"Les entreprises, qui sont toujours en perpétuelle recherche de l'excellence technique, doivent aujourd'hui se démarquer techniquement, mais également dans leur capacité à s'approprier et maîtriser les nouvelles technologies. C'est la raison pour laquelle elles recherchent des candidat.e.s avec de solides bases comportementales, pour évaluer leur capacité à comprendre, stocker, sauvegarder, dispatcher des informations de plus en plus nombreuses, variées et complexes", ajoute Murielle Dumas-Chevalier, Campus Manager chez Dassault Aviation et Vice-Présidente de l'association Elles Bougent.
Pour Laure Bertrand : "l'incertitude est la norme et les savoirs techniques évoluent en continu à une vitesse folle. Dans ce contexte, il ne s'agit plus seulement d'apprendre, mais « d'apprendre à apprendre ». Les qualités d'ouverture, d'analyse critique, et d'adaptabilité deviennent stratégiques. Par ailleurs, les modes d'organisation des entreprises évoluent vers le travail transversal, en mode projet, ce qui requiert, de la part des ingénieurs, des compétences fortes de coopération d'équipe et d'agilité".
Ainsi, du fait de l'obsolescence rapide des connaissances techniques avec le développement des métiers liés au numérique (85% des jobs de 2030 n'existeraient pas encore), ces compétences comportementales et humaines sont donc devenues aujourd'hui aussi indispensables que les "hard skills", celles liées au savoir-faire, pour s'imposer dans le monde du travail de demain.
Selon un sondage IFOP, le Top 3 des "soft skills" pour les cadres en entreprises est de "savoir s'adapter", "être autonome" et "être organisé". Pour celles et ceux qui se dirigeraient vers des carrières scientifiques, et en particulier le métier d'ingénieur.e, sachez que vous devrez avant tout mettre en avant votre rigueur technique, votre créativité et votre curiosité. Enfin, la capacité d'adaptabilité et de mobilité sont très appréciées des recruteurs, nous précise Murielle Dumas-Chevalier.
Pour faire carrière en tant qu'ingénieur.e.s dans l'aéronautique, il vous sera demandé, en plus des "soft skills" précédemment citées, de démontrer également votre motivation, votre passion pour ce métier, avec un engagement dans la durée, avoir le goût du défi, tout comme le sens du compromis, afin d'expliquer et faire comprendre les enjeux de votre projet. Etre un.e bon.ne communicant.e vous sera aussi très utile pour savoir négocier, transiger ou encore présenter vos idées.
Dans le secteur de l'énergie, les quatre comportements clés recherchés sont "l'audace", "l'ouverture d'esprit", "l'exigence" mais aussi la "bienveillance", comme le souligne Sabine Lunel-Suzanne, Directrice du développement social et de la formation au sein d'Engie et Vice-Présidente de l'association Elles Bougent en charge des relations entreprises.
Alors que ces "aptitudes et habilités sociales (…) jouent un rôle décisif dans la progression des carrières", comme le confirme Laure Bertrand, une étude menée par le Céreq, le Centre d'études et de recherches sur les qualifications, publiée en 2016, souligne leur effet sur la rémunération des diplômé.e.s.
Dans ce document, qui propose une "analyse de leur impact sur le marché du travail en France, en essayant de mesurer leur influence sur le salaire des diplômés", les résultats montrent que "les soft skills vont notamment influencer les plus hauts salaires, ce qui suggère leur importance pour obtenir les emplois les plus qualifiés". Les soft skills facilitent effectivement l'évolution de carrière et l'accession à des postes à responsabilité.
En effet, un autre enseignement de cette étude : "même si le niveau de diplôme ou le domaine disciplinaire ont toujours une influence sur le salaire des jeunes, la persévérance, l'estime de soi, la prise de risque et la communication ont un effet sur le salaire".
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