Publié le 26 avril 2019
Alors que le secteur du numérique, et de l'IA en particulier, est en pleine mutation et offre de nombreuses opportunités professionnelles, la mixité au sein des équipes constitue un facteur essentiel pour le développement de ces métiers dans les entreprises. Elles Bougent vous propose un état des lieux et esquisse des solutions pour faire bouger les lignes !
De plus en plus utilisée par les entreprises, l'intelligence artificielle n'est pas qu'un simple "mot à la mode". Selon l'Organisation internationale de normalisation, qui définit les termes notamment liés aux technologies de l'information, l'IA correspond à la "capacité d'une unité fonctionnelle à exécuter des fonctions généralement associées à l'intelligence humaine, telles que le raisonnement et l'apprentissage".
Une étude publiée par Gartner et menée auprès de 3000 cadres dirigeants de 89 pays a montré que "l'adoption de l'IA a augmenté de 270% au cours des quatre dernières années". Elle fait désormais partie intégrante des stratégies numériques de nombreuses grandes entreprises, qui l'emploient au quotidien.
Si "de nombreux nouveaux métiers émergent depuis quelques années déjà", pour Sabine Lunel-Suzanne, Directrice du Développement Social et de la Formation chez ENGIE, et vice-présidente en charge des relations entreprises au sein de l'association Elles bougent, les trois postes les plus représentatifs de l'IA sont :
Selon le Cigref, réseau de grandes entreprises et administrations publiques françaises qui se donnent pour mission de réussir le numérique, la "révolution intelligente" cible trois types de postes : les métiers d'algorithmique, la gestion de la data et la programmation.
"De nombreux métiers en lien avec l'intelligence artificielle n'existent même pas encore !", souligne Marie-Luce Godinot, Directrice générale adjointe en charge de la Transformation numérique, de l'innovation et du développement durable chez Bouygues Construction, et marraine Elles Bougent. "Aujourd'hui, chez Bouygues Construction, ce sont essentiellement des métiers de Data analystes, des Data scientists, ainsi que des chercheurs en intelligence artificielle. Les opportunités que nous verrons à l'avenir détermineront les profils dont nous aurons besoin".
Lire l'interview complète de Marie-Luce Godinot
Selon la Fondation Femmes@Numérique, dont Elles bougent est membre, et qui cite une évaluation de la Commission européenne, "il manquera 756 000 professionnels du numérique en Europe en 2020. L'Union européenne estime en outre que plus du tiers des employés et que près de 45 % des citoyens européens sont néophytes en matière de numérique. Enfin, selon France Stratégie et la Dares, entre 170 000 et 212 000 postes seront à pourvoir dans le numérique en France en 2022".
Si les opportunités sont nombreuses dans ce secteur en plein développement, des inégalités demeurent notamment du fait de l'absence des femmes dans les équipes travaillant dans les métiers du numérique et de l'intelligence artificielle.
Alors que 50% des diplômé.e.s d'un bac scientifique sont des jeunes filles, on estime qu'entre 10 et 15% de femmes occupent des fonctions dites "techniques", un pourcentage qui chute à moins de 5% dans l'intelligence artificielle. Du côté de la création des entreprises, 10% des start-up technologiques sont créées par des femmes.
L'institut de recherche AI Now, qui examine l'impact social de l'intelligence artificielle, a publié une étude intitulée "Discriminating Systems" pointant du doigt "une crise de la diversité" au sein de l'IA. "L'inégalité dans l'industrie de l'IA est extrême. 80% des enseignants d'IA sont des hommes, et seulement 18 % des auteurs des conférences pertinentes dans le domaine sont des femmes." Parmi les exemples les plus criants : le département de recherche sur l'intelligence artificielle de Facebook ne compterait que 15 % des femmes et celui de Google seulement 10 %.
Avec le développement de l'intelligence artificielle dans les entreprises, c'est le monde de demain qui est en train d'être écrit. Un monde qu'il convient de façonner à l'image de l'ensemble de ses actrices et acteurs.
"Le danger, c'est que des biais, des préjugés, du sexisme, ressurgissent", a expliqué Delphine Rémy-Boutang, créatrice de la Journée de la femme digitale, qui s'est déroulée le 17 avril dernier à la Maison de la radio. "Les robots ressemblent à ceux qui les créent. Un algorithme n'est pas neutre. Il est important que les femmes écrivent ces codes qui vont être des décisions. Un code est un langage qui permet de prendre des décisions. Des décisions de recrutement, de financement, un tas de choses qui nous gouvernent dans notre quotidien."
"Pour que les solutions digitales puissent bénéficier au plus grand nombre, il est important que les équipes de développement soient les plus diverses possibles dans leur composition", confirme Sabine Lunel-Suzanne (Engie).
Pour Marie-Luce Godinot (Bouygues Construction), deux raisons devraient inciter les entreprises à attirer plus de femmes dans ces métiers :
"AI For Humanity, l'intelligence artificielle au service de l'humain", tel est le projet présenté par le Président de la République le 29 mars, au Collège de France, pour faire de l'Hexagone un pays leader dans le domaine de l'intelligence artificielle. Il s'est ainsi engagé à "miser sur nos talents", avec la mise en place d'un programme national pour l'intelligence artificielle coordonné par l'Inria, capable de former et d'attirer les meilleurs chercheurs mondiaux.
Dans son rapport, Cédric Villani, mathématicien et député de l'Essonne, préconise une "intelligence artificielle inclusive et diverse". Pour cela, le gouvernement s'est fixé l'objectif de 40 % d'étudiantes dans les filières numériques et le secteur de l'intelligence artificielle d'ici à 2020.
"Dans un contexte où les technologies sont en passe de devenir une des clefs du monde à venir, l'intelligence artificielle ne peut être une nouvelle "machine à exclure" (…) En matière d'IA, la politique d'inclusion doit donc revêtir un double objectif : s'assurer que le développement de ces technologies ne contribue pas à accroître les inégalités sociales et économiques et s'appuyer sur l'IA pour effectivement les réduire", précise le rapport.
Proposer aux collégiennes et lycéennes de participer à des actions en lien avec de nombreux secteurs, comme le numérique, c'est la mission que s'est donnée l'association Elles Bougent, grâce à l'aide de son réseau de plus de 180 partenaires, 5000 marraines et relais et 750 établissements scolaires.
Grâce à leurs témoignages sur leur parcours professionnel et leur formation, nos marraines partagent le quotidien de leurs métiers aux plus jeunes. De nombreux role models indispensables pour permettre à ces jeunes filles de se projeter dans ces carrières et susciter de nouvelles vocations.
"La mixité dans le numérique est indispensable pour relever les grands défis industriels, économiques et sociétaux de demain et nous faisons en sorte que les jeunes filles en prennent conscience", déclare Marie-Sophie Pawlak, présidente et fondatrice de l'association Elles Bougent.
Le 4 avril dernier, 2000 collégiennes et lycéennes ont participé à la 3e édition de la journée nationale "Elles innovent pour le numérique", dans 13 villes en simultané. Une 3e édition record !
Dans son allocution de clôture de la journée « Elles innovent pour le Numérique » en région Ile-de-France, Madame Christine Hennion, Députée des Hauts-de-Seine et Présidente de la Fondation Femmes@Numérique, a délivré un message fort devant les 220 jeunes filles réunies à l'ISEP.
"Aujourd'hui, plus que jamais, la présence des femmes dans ce secteur est essentielle. Je remercie chacune d'entre vous pour l'ambition qui vous mobilise à ce jour. C'est grâce à vous que nous pouvons construire la société de demain, une société plus égalitaire, où vos talents seront reconnus au même titre que ceux des hommes. Vous êtes les actrices d'aujourd'hui qui feront bouger le monde de demain. Mesdemoiselles, emparez-vous du numérique !"
Bilan d'Elles innovent pour le numérique 2019
Le jeudi 16 mai, 70 étudiantes accompagnées de marraines de nos entreprises partenaires vont découvrir le salon Viva Technology et le monde des starts-ups, l'entreprenariat et les innovations qui révolutionnent le monde de demain, à travers une visite exclusive.
Vous n'êtes pas disponible pour la visite du jeudi ? Elles Bougent, en partenariat avec Viva Technology, vous propose de tenter de remporter votre place pour le samedi 18 mai !
Elles Bougent à Viva Technology
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