Publié le 14 mars 2016
À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2016, l'association Elles bougent a dévoilé avec l'institut CSA les résultats de sa grande enquête* « les femmes, l'industrie, la technologie et l'innovation ».
Elle a été réalisée auprès de 1000 femmes ingénieures, 500 étudiantes en filière scientifique et technologique et 500 collégien-ne-s, lycéen-ne-s.
Cette étude sous forme de portraits croisés revient sur les choix d'orientation vers les filières scientifiques et technologiques, le métier d'ingénieure, la place des femmes dans les secteurs de l'industrie et du numérique.
Les 10 grands enseignements de cette étude :
Au collège et au lycée, garçons comme filles se déclarent majoritairement prêts à faire des études scientifiques et ensuite à travailler dans les secteurs industrie/techno/numérique (60% filles, 70% garçons).
Pour 75% d'entre elles et 70% d'entre eux, ils ont une idée plus ou moins claire de ce qu'est le métier d'ingénieurs. Mais 70% considèrent avoir besoin d'accès à davantage d'informations, principalement grâce à des rencontres directs avec les femmes en postes.
Si on fait un focus sur les secteurs et le vocabulaire, les jeunes déclarent avoir une idée plus ou moins précise de ce qu'est le numérique (65%), puis la technologie (59%) puis l'industrie (55%). Il y a donc pour les jeunes une représentation plus claire du numérique que de l'industrie.
Aux filles, le médical, le paramédical, le luxe, les médias. Aux garçons l'aéronautique, le spatial, le numérique, l'automobile et la voiture intelligente, la robotique.
Ainsi, une communication renforcée et davantage de role models sont encore nécessaires. C'est ce que fait l'association Elles bougent et ses partenaires, grâce aux témoignages in situ des marraines, femmes ingénieures et techniciennes.
D'autre part, il faut axer l'orientation davantage sur les métiers, plutôt que sur les études. C'est la vocation, l'envie d'un métier qui doit être le critère déterminant pour choisir des études, et pas le contraire. La logique est de choisir un métier puis les études qui y mènent et pas des études sans bien connaître les métiers auxquelles elles mènent.
La banalisation de ce type de remarques et comportements quotidiens a pour conséquence que ces discriminations ne reculent pas, nuisent à un épanouissement personnel et professionnel et rendent la tâche plus difficile aux femmes pour accéder à des niveaux supérieurs de responsabilité, voire inhibent toute velléité en ce sens. 6 femmes sur 10 déclarent avoir été elles-mêmes victimes de discrimination dans le monde du travail.
Chez les élèves, la discrimination la plus redoutée est d'être moins payée à travail égal. Vient ensuite celle d'accéder à des postes inférieurs à formation égale. La crainte d'un moindre respect par rapport à leurs homologues hommes est aussi bien présente. Les discriminations liées à la vie personnelle et la famille arrivent en dernier chez les élèves.
Seule une petite minorité d'ingénieures font tout à fait confiance à leur entreprise pour promouvoir autant des femmes que des hommes à des postes de direction et les étudiantes sont encore plus pessimistes puisque 57% d'entre elles ne font pas vraiment ou pas du tout confiance aux entreprises, en général, sur ce point.
Si 80% des femmes ingénieurs s'estiment capables d'exercer un poste à responsabilité plus élevée, elles avouent pour la moitié d'entre elles ne pas de sentir à l'aise pour postuler réellement à un poste plus élevé.
On voit donc combien des actions de coaching sont nécessaires pour décoincer les phénomènes d'autocensure très présents encore aujourd'hui chez les femmes. Les étudiantes s'imaginent plus dans des postes de direction, mais est-ce que l'essai sera transformé quand elles seront en activité ?
"Pour ses 10 ans, Elles bougent a souhaité lancer une grande enquête nationale avec l'institut CSA. Les enseignements de cette étude nous montrent combien il reste de travail à accomplir sur le champ de l'égalité dans l'orientation des élèves et de l'égalité professionnelle. Mais la bonne nouvelle, c'est que les actions entreprises par l'association correspondent parfaitement aux besoins des jeunes filles. Nous nous appliquerons à les déployer davantage encore avec l'aide de nos partenaires. Des progrès sont à réaliser notamment au niveau d'un sexisme ordinaire qui perdure, et d'une représentation insuffisante de « role models » à haut niveau. Nous lançons un appel à toutes les entreprises et aux médias pour faire passer ces messages et éviter de perpétuer les stéréotypes." conclut Marie-Sophie Pawlak, Présidente et fondatrice d'Elles bougent.
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*Cette enquête a été réalisée entre le 3 et 17 février 2016 auprès de 1074 femmes ingénieures via les fichiers de l'association Elles bougent, 469 étudiantes via les fichiers de l'association Elles bougent et 449 collégiens et lycéens (dont 268 filles) dont 148 via les fichiers de l'association Elles bougent et 301 via le panel de CSA (Buzzpanel).