Publié le 21 juin 2017
Médaillée olympique, ingénieure tout juste diplômée de l'ESILV, future maman, Estelle Mossely répond aux questions de Céline, étudiante en 2e année. Dans cette interview croisée, la championne de boxe raconte sa formation, explique son choix de devenir ingénieure et livre ses conseils pour donner envie aux plus jeunes de se lancer dans des études scientifiques.
Bonjour Estelle, peux-tu nous raconter ton parcours ?
Je suis rentrée à l'ESILV après un bac scientifique. J'ai fait mes 5 années avec une prépa intégrée. Les deux premières années étaient assez généralistes avec une spécialisation vers l'informatique.
Quelles difficultés as-tu rencontré au cours de ta formation ?
Par rapport à la formation en elle-même, si on travaille, tout se passe bien ! Dans mon cas personnel, c'était plus une conciliation à faire entre sport et études. Il fallait que je m'absente beaucoup de l'école et je devais rattraper les cours derrière. Ça a été assez chargé, il fallait travailler un peu plus. Mais j'ai été aidée par les professeurs et par l'établissement, qui me permettait de m'absenter pour mes stages de compétition. Et l'aide est également venue de mes camarades eux-mêmes, qui me donnaient les cours quand j'étais en déplacement. Avec les cours en ligne, je pouvais aussi travailler à distance.
As-tu toujours voulu être ingénieure ?
Ça fait longtemps que je veux devenir ingénieure. Au départ, je crois que je voulais être biochimiste. Mais, toute petite, je voulais être pâtissière, ce qui n'avait rien à voir (rires) !
Qu'est-ce qui t'as donné envie de suivre cette voie ?
Ma mère a fait aussi des études d'ingénieure, mais dans le domaine du bâtiment. Mon père a fait un doctorat. J'ai baigné dans cette culture de faire des études, mais je ne voulais pas non plus que ce soit trop long. Pour moi, 5 ans, c'était ce qu'il me fallait, dans un milieu que j'aime pour pouvoir par la suite toucher aux nouvelles technologies et monter ma propre société.
Quel a été l'élément déclencheur qui t'a poussé vers l'ingénierie, quand tu étais au lycée ?
C'était plus par goût, par facilité aussi. On a toujours des matières qui nous réussissent plus que d'autres. J'étais plus forte en maths qu'en langues. Et puis je m'intéresse depuis toujours aux nouvelles technologies. J'avais envie de savoir comment tout cela marchait et pourquoi pas de créer moi-même des choses.
Tu as choisi la majeure IBO (Informatique, Big Data et Objets connectés) à l'ESILV. As-tu hésité ?
Je n'ai pas du tout hésité parce que, dès que je suis rentrée en école d'ingénieurs, je savais très bien ce que je voulais faire : l'informatique.
Tu viens de recevoir ton diplôme d'ingénieure en informatique, tu es devenue championne olympique de boxe l'été dernier et tu attends un heureux événement. Comment parviens-tu à concilier tous ces aspects de ta vie pro et perso ?
Tout se fait par étapes. J'ai fait mes études. L'année précédant les Jeux, j'ai privilégié le sport uniquement. J'ai eu la chance d'être intégrée, en 2015 à l'issue de mon stage de fin d'études, dans une société qui propose un plan adapté pour les sportifs de haut niveau. Je suis salariée chez Allianz, dans le service informatique, ce qui m'a permis de garder un pied en entreprise, sans mettre de côté ma carrière sportive.
Est-ce que l'ouverture à l'international était un critère pour toi dans le choix de ton école d'ingénieurs ?
Le choix de l'international n'a pas été le premier critère. Mais au fur et à mesure de mes années, je me suis aperçue que c'était un réel avantage que d'avoir intégré une école avec une dimension internationale. Actuellement, je suis à San Francisco, au cœur de l'informatique dans la Silicon Valley. J'ai la possibilité de mener des projets autant en France qu'à l'international. Comme mon objectif est d'ouvrir ma boîte, je n'ai pas envie de me limiter aux frontières françaises.
Quelle est ta vision de la place des femmes dans les filières scientifiques et techniques ? Comment aimerais-tu que cela change et qu'est-ce que tu préconises pour améliorer les choses ?
Le milieu des ingénieurs a toujours été dominé par les hommes. Cela se joue dès le lycée. Il faut communiquer auprès des filles sur les possibilités que ce diplôme ouvre, comment ça se passe réellement… Et leur montrer qu'elles sont capables de le faire. Celles qui ont réussi doivent leur amener ce savoir-là et leur montrer que c'est un métier qui permet de travailler dans beaucoup de domaines et ouvrent des milliers de possibilités. S'il y a un domaine qui ne nous plaît pas, on peut se rabattre vers un autre secteur sans que ce soit bloquant.
Du fait de ta popularité suite aux Jeux Olympiques de Rio, tu es devenue un « Role Models » pour de nombreuses filles. En es-tu consciente ? Souhaites-tu profiter de cette notoriété pour plaider certaines causes qui te sont chères ?
Je suis consciente de ma responsabilité et du rôle que je peux jouer. C'est pour cela que je m'engage dans plusieurs actions. En répondant positivement aux demandes d'associations, en montant la mienne* et en continuant aussi dans cette voie, je veux maintenir mon envie de relever des défis, de monter de plus en plus dans la société.
*Estelle Mossely a monté une association : l'Observatoire Européen du Sport Féminin.
12/ Quel message souhaiterais-tu faire passer aux collégiennes et lycéennes qui hésitent sur leur orientation ?
Quand on décide d'être ingénieure, il faut le faire par envie ! S'écouter soi avant d'écouter ce que les autres en disent. C'est la même chose dans le milieu du sport où les filles sont aussi en minorité par rapport aux garçons. Quand on a envie, il faut foncer !
Journée importante ! Remise de mon diplôme organisée spécialement pr moi par @ESILVparis ! Merci #femmeIngenieure pic.twitter.com/GvtrTpiNyp
— Estelle Mossely (@EstelleMossely) 23 mai 2017
Légendes photos : Estelle Mossely, interviewée par Céline, étudiante en 2e année à l'ESILV en stage d'été au sein de l'association Elles Bougent, et avec Julie Grimes, chargée de comunication du Pôle Léonard de Vinci (EMLV, ESILV, IIM), lors de la cérémonie de diplôme d'Estelle, le 23 mai dernier.