Mixité dans les entreprises : des progrès à confirmer

Publié le 18 mai 2016

Mixité dans les entreprises : des progrès à confirmer

Le 3 mai dernier, une Française, Isabelle Kocher, est devenue la première DG d'un groupe du CAC 40, Engie, partenaire d'Elles bougent. Un signe d'évolution sociale ? Si cette nomination est une exception, les exemples de belles carrières professionnelles ne manquent pas chez les ingénieures et les marraines d'Elles bougent. En tant que role models, elles contribuent à favoriser - ou confirmer - des vocations scientifiques parmi les jeunes filles.

42 % d'étudiantes de plus en dix ans

« Nous avons, organisé deux événements dans un lycée sur l'année scolaire 2014-2015 et il n'y avait alors que 3 jeunes filles en terminale STI2D, illustre Marie-Sophie  Pawlak, présidente de l'association. Cette année, elles sont 17 ! Pour le proviseur, "Elles bougent, ça marche !". » De même, les effectifs féminins des Arts et Métiers  ParisTech sont passés de 14 à 17,8 % en un an, à l'époque où de nombreux événements Elles bougent ont été organisés avec cette école. Si Marie-Sophie Pawlak n'attribue pas cet essor uniquement à l'action de l'association, elle note néanmoins un lien direct entre les manifestations et l'augmentation du nombre de jeunes filles dans les filières scientifiques.

Plus largement, les promotions se féminisent peu à peu. D'après les données de la Sous-direction des systèmes d'information et des études statistiques, citées dans l'étude de la CDEFI sur les effectifs féminins dans les formations et les métiers d'ingénieurs (Chiffre du mois n°64, mars 2016), les jeunes femmes représentent 28 % de l'effectif total d'élèves ingénieurs en 2014. Cela représente plus 42% d'étudiantes en 10 ans sur l'effectif total des formations d'ingénieurs.

Une autocensure encore marquée

Ces résultats encourageants en faveur de la mixité ne doivent pas masquer la nécessité de poursuivre les efforts, notamment vers les lycéens et le système éducatif. La grande enquête « Les femmes, l'industrie, la technologie et l'innovation », réalisée par Elles bougent avec l'institut CSA en 2016, indique que 70 % des collégiennes et lycéennes interrogées attendent davantage d'informations sur les études scientifiques et les secteurs d'activité associés : industrie, technologie et numérique.

Autre priorité : le dernier baromètre Arts et Métiers ParisTech/OpinionWay « Les lycéens et l'Industrie » révèle que près de trois quarts des jeunes estiment que les filles sont moins encouragées que les garçons à travailler dans l'industrie. Si l'immense majorité d'entre eux, tous sexes confondus, considère que davantage de mixité serait souhaitable, à peine 40 % des lycéennes envisagent la possibilité de poursuivre des études d'ingénieurs, contre 67 % des garçons.

Une fois en poste, la partie n'est pas encore gagnée pour les femmes ingénieures. D'après notre enquête, elles sont partagées sur la volonté des entreprises de promouvoir autant les femmes que les hommes. Seule une petite minorité d'ingénieures font tout à fait confiance à leur employeur à ce sujet. L'étude confirme que l'autocensure reste encore très ancrée : si 80 % des ingénieurs s'estiment capables d'exercer un poste à responsabilité plus élevée, la moitié d'entre elles ne se sentent pas suffisamment à l'aise pour postuler.

Le même discours pour les filles et les garçons

« En progrès, mais peut mieux faire » : ce rapide état des lieux appelle cette conclusion nuancée, confirmée par Marie-Sophie Pawlak. En tant qu'animatrice du groupe égalité hommes-femmes de la Conférence des grandes écoles (CGE), elle a oeuvré à la signature de la Charte de l'égalité pour l'enseignement supérieur, qui prévoit une sensibilisation obligatoire auprès des jeunes filles et jeunes garçons.

Citant l'exemple de parents qui ont tendance à pousser les garçons vers des études  supérieures exigeantes et à cantonner les filles à ce qu'elles aimeraient faire, elle rappelle que « le discours d'ambition et le discours d'épanouissement devraient s'adresser de façon indifférente aux jeunes, quel que soit leur sexe ». Le premier pas vers davantage de mixité dans les filières scientifiques et techniques et le métier d'ingénieurs.

Pour en savoir plus :
» Téléchargez l'intégralité du grand livre des 10 ans de l'association Elles bougent

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